Miscellanées d’odeurs
Douce âme enfuie
Marguerite Burnat-Provins (1872–1952) est une écrivaine, poétesse et peintre. Dans ses Poèmes troubles, deux personnages mystérieux, Dolly et le « je » narratif dans des jeux érotiques où le toucher, le manque sont parsemés d’odeurs, de sons.
Oh ! cette odeur, douce âme enfuie, ramenez-la dans vos deux mains ; ramenez-la, comme un esprit égaré qui se replie et se renferme dans la raison.
Car si vous la laissez flotter dans cette chambre, plus jamais je ne pourrai dormir. Je resterai des jours, des nuits, dans le champ de pavots où la tête me tourne et mes yeux grandiront, comme deux lunes enfiévrées, sur un interminable soir.
Je ne pourrais plus vivre, Dolly, sans vous, sans cette odeur et, quand vous reviendrez chercher ma forme amaigrie, vous ne trouverez plus qu’un regard.
Mais, reviendrez-vous, Dolly ?
Marguerite Burnat-Provins, Poèmes troubles, L’Escampette éditions, 1999, 128 p.
Ces extraits littéraires sont proposés en supplément du numéro d’été de la revue (n° 129) qui évoque les odeurs, des neurosciences à l’histoire.
Laisser un commentaire