Jérôme Royer – Jarnac et la maison natale de François Mitterrand

Jérôme Royer, ancien maire de Jarnac (2001-2014). Photo Eva Avril.

Par Elsa Dorey

Si une plaque commémorative n’était pas incrustée au-dessus de la porte, on passerait sans la voir devant cette maison de maître en pierre de taille, mitoyenne, dont les nombreuses et élégantes fenêtres sont alignées dans une symétrie parfaite. Mais le texte rappelle aux habitants de Jarnac et aux promeneurs distraits que François Mitterrand y est né le 26 octobre 1916. Si son histoire politique commence à Château-Chinon, l’histoire familiale, elle, trouve ses racines à Jarnac, dans cette demeure familiale.

Acquise par son arrière-grand-père menuisier, Léon Beaupré Lorrain, elle est transformée en tonnellerie et vinaigrerie par le grand-père maternel de François Mitterrand. À son tour, le père de François Mitterrand quitte son poste de chef de gare à Angoulême pour reprendre et diriger l’entreprise. L’ancien président était très attaché à cette maison, où il a grandi avec ses sept frères et sœurs jusqu’en 1934. « En y revenant, François Mitterrand recherchait dans cette maison les odeurs de son enfance. » Jérôme Royer, ancien maire de Jarnac (2001–2014) et ami de la famille, était invité à la tribune du colloque de l’université de Poitiers dédié à l’ancien président organisé fin mars à l’Espace Mendès France.

Maison natale de François Mitterrand à Jarnac. Photo Marc Deneyer.

« Je suis chez moi, je ne risque rien. »

Résidant juste en face du cimetière des Grand’Maisons, où se trouve le caveau familial, il voyait passer le président presque tous les trois mois. « Il arrivait par la rue de derrière, mais son chauffeur venait se garer devant. » Lors de ses apparitions en Saintonge, le président suivait invariablement le même itinéraire. « Il commençait par se rendre à la maison natale, puis au cimetière et à la librairie Pillot. Un arrêt à l’église, puis une virée à Saint-Simon pour rendre visite à son plus jeune frère, Philippe, et à des amis. » Un endroit qui sonnait « d’une façon très particulière à ses oreilles ». L’ancien maire se remémore fièrement le président sommant à ses gardes du corps de reculer, en leur affirmant, catégorique : « Je suis chez moi, je ne risque rien. »

Quai de Charente à Jarnac. Photo Marc Deneyer.

Soutien inattendu de Jacques Chirac

Une des sœurs de François Mitterrand devient propriétaire de la vinaigrerie. Lorsqu’en 2005, la maison natale est mise en vente par ses enfants, la famille, les sympathisants et les Jarnacais s’interrogent : que va devenir ce « monument » familial si important dans la vie de l’ancien président ? « Les amis de Claude François voulaient racheter la maison, arguant qu’ils avaient déjà réussi à faire vivre le moulin de Claude François. Il en était hors de question », confie l’ancien maire. Jérôme Royer demande alors à son conseil municipal de l’acheter, mais les financements manquent. Là encore, le maire recueille un soutien inattendu : « Jacques Chirac a aidé à trouver les subventions des ministères de la Culture et de l’Intérieur. »

La maison sera ensuite cédée en 2009 pour un euro symbolique à l’Institut François Mitterrand qui l’a restaurée et transformée en musée, où de nombreuses archives sont présentées. « Pierre Joxe, Hubert Védrine, Michel Charasse venaient donner un coup de main et se mettaient en bras de chemise pour regarder dans les lignes et essayer de comprendre la maison Mitterrand. » Aujourd’hui encore, Jérôme Royer est étonné de l’engouement de certaines personnalités pour ces lieux.

Sépulture de François Mitterrand, cimetière des Grands-Maisons à Jarnac. Photo Marc Deneyer.

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