La Rochelle, 70 ans de cinéma

Lino Ventura et Annie Girardot dans "Le bateau d'Émile", réalisé par Denys de La Patellière, 1962. Photo Collection Christophel Filmsonor.

Par Juliette Herbaut

La Rochelle… fait son cinéma retrace l’histoire cinématographique liée à la « ville blanche » et ses alentours, sur plus de trente ans. Au total, ce sont treize films cultes qui sont présentés dans des dossiers mêlant photographies, résumés et anecdotes en tout genre. On retrouve Les Vieux de la vieille de Gilles Grangier avec Jean Gabin et Pierre Fresnay, Le Bateau d’Émile de Denys de la Patellière avec Annie Girardot et Lino Ventura ou Le Petit Bougnat de Bernard Toublanc-Michel, avec la jeune Isabelle Adjani.

Maryz Bessaguet a travaillé de nombreuses années aux Francofolies en tant que responsable de la production audiovisuelle puis du bureau de presse du festival. Elle partage depuis des années avec le public sa passion pour la musique, la photographie mais aussi et surtout l’histoire cinématographique de La Rochelle. Déjà, en 2019, elle réalisait une exposition nommée Atmosphère… Atmosphère… Quand le patrimoine, cinéma et chanson s’expose ! au cœur des remparts rochelais, accompagnée d’une sélection des photographies de Jean Gaillard, photographe du journal Sud-Ouest pendant plus de trente ans.

Dans son livre La Rochelle … fait son cinéma, qu’elle écrit avec la complicité de Vincent Martin, qui collectionne « depuis toujours tout ce qui se rapporte au cinéma à La Rochelle » (« Vincent Martin : La Rochelle star depuis 1896 », L’Actualité Poitou-Charentes, n°97, 2012) elle présente chaque film en ajoutant des commentaires et des anecdotes de tournage. Ces petites histoires, souvent cocasses, rythment l’ouvrage et permettent au lecteur de se glisser dans l’envers du décor. Le livre est également rempli de photographies, empruntées une nouvelle fois à Jean Gaillard. On peut ainsi découvrir, au fur et à mesure de la lecture, une Romy Schneider souriante dans les bras de son partenaire Jean-Louis Trintignant, ou encore Jean Gabin et Gilles Grangier, poings levés, en pleine répétition d’une scène de bagarre dans Le Sang à la tête.

Jean Gabin et Gilles Grangier dans Le Sang à la tête de Gilles Grangier, 1956. Photo Coll. privée.

La Pallice à l’internationale

Le lecteur aura également la surprise de découvrir que des réalisateurs, acteurs et actrices internationaux ont un passé commun avec la « ville blanche ». Ainsi, Steven Spielberg et Wolfgang Petersen ont tourné dans la base sous-marine du port de La Pallice à quelques mois d’intervalles en 1981 : le premier y filme la scène d’infiltration d’Indiana Jones dans une base nazie dans Les aventuriers de l’Arche perdue ; le second réalise son film Das Boot dans des conditions loin d’être évidentes :

« Le tournage rochelais eu lieu en deux temps, explique Maryz Bessaguet. La réplique de l’U.Boot fabriqué dans les ateliers allemands se brisera lors de sa sortie en mer. Il sombre au large de l’île de Ré… Le tournage est interrompu. Le submersible endommagé doit être réparé. Il le sera dans les ateliers de la base sous-marine de La Pallice. Les caméras reprendront du service fin janvier 1982. »

Les Aventuriers de l’Arche perdue (Raiders of the lost ark) de Steven Spielberg, 1981. Photo Collection Christophel – Paramount Pictures – Lucasfilm aventures.

Certains films sont aussi accompagnés par des témoignages de figurants ou d’anonymes, comme celui de « Roro », pilote du bateau qui mena Lino Ventura et Alain Delon au Fort Boyard pour Les Aventuriers de Robert Enrico :

« Après plusieurs jours passés ensemble, Ventura me regarde et me dit : tu veux faire de la lutte ? Comme j’étais jeune à l’époque et musclé, je lui dis : ok ! je vais te mettre KO… Premier corps à corps, le voilà par terre ; mais au second tour, je n’ai pas eu le temps de dire ouf, qu’en deux secondes j’étais au sol, terrassé… En fait, après, il m’a dit, ce con, qu’il avait été lutteur… On a encore bien ri tout les deux. Quand il est parti, il m’a donné son téléphone personnel en me disant : si tu passes à Paris, tu viens chez moi… »

On retrouve aussi à la fin de l’ouvrage, une série de douze portraits de chanteurs, comme Johnny Halliday, Jacques Brel, ou de comédiens comme Bourvil et Jean-Paul Belmondo. L’un des derniers est celui de Georges Simenon, qui a vécu quelques années à La Rochelle et qui y situe plusieurs romans, comme Le Testament Donadieu (1937) ou encore Les Fantômes du chapelier (1949). Tenant sur une à deux pages et accompagnés de photographies, ils complètent les dossiers sur les films et démontrent, une nouvelle fois, la richesse culturelle de La Rochelle entre 1950 et 1980.

La Rochelle fait son cinéma. Atmosphère… atmosphère… de Maryz Bessaguet. Geste éditions, 30 €. 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.