Tholet – Une ancienne demeure familiale

Vue aérienne du Château de Tholet.

Par Jean-Benoît de Solages

Le château de Tholet est une demeure située dans l’Aveyron, à quelques kilomètres du village de Gabriac. Les premières traces de ce château remontent au xie siècle, lors de l’établissement des seigneurs de Tholet, fondant ce qui devient la baronnie de Tholet.

Au xiie siècle, cette baronnie est une coseigneurie, partagée entre les différents puissants des alentours. C’est à cette période que l’on atteste l’arrivée de la famille Solages dont les membres furent de ces grands en charge de la baronnie. Au xive siècle, les Solages deviennent les seuls seigneurs de ce territoire, transformant Tholet en une véritable forteresse, dotée d’un donjon, d’un corps de logis et d’une enceinte fortifiée. Guillaume (1340–1427), héritier de cette terre, devient baron ; puis par ses hauts faits militaires, il est nommé sénéchal par les comtes d’Armagnac. Cette fonction lui confère un rôle de premier plan dans la lutte du roi de France, soutenu par les Armagnacs, contre les Bourguignons, principaux soutiens en France des Anglais durant la guerre de Cent Ans.

Vers 1650, des suites d’un mariage avec la famille Grolée-Viriville, les Solages quittent Tholet pour s’établir dans le sud de l’Aveyron. Puis, au xxe siècle, dans le Tarn.
Quatre-cents ans après cette histoire, dans le cadre de mon master en histoire de l’art, j’ai décidé de me consacrer à l’étude architecturale et historique de cette demeure de Tholet : celle de mes ancêtres seigneur de Solages.
J’ai voulu comprendre comment étaient liées l’évolution architecturale du château, la problématique liée à son classement au titre des Monuments historiques et la question relative à la restauration menée depuis 2013.

L’évolution architecturale

La demeure de Tholet a connu trois périodes historiques bien distinctes. Le château fut d’abord une forteresse médiévale, avec un donjon servant de demeure seigneuriale ainsi qu’une enceinte dédiée à la défense du lieu. La sécurité était notamment assurée grâce au donjon dont l’entrée était située au troisième étage, au niveau de la salle des gardes, et qui communiquait avec un bâtiment annexe : cet élément assurait une retraite certaine pour les seigneurs.

La période de la Renaissance apporte un tournant dans l’histoire de l’architecture de France. Les temps médiévaux et ses guerres de sièges sont révolus, l’usage attribué aux châteaux se transforme et Tholet ne fait pas exception. La place forte médiévale ayant un objectif défensif est progressivement transformée en manoir d’époque moderne. Toutefois, c’est à partir de cette période que nous possédons moins d’informations concernant l’histoire artistique de Tholet.

Au xviie siècle, suite à un mariage en 1626 créant un conflit entre deux familles, un incendie provoqua la disparition de certains éléments, nous ne savons pas lesquels précisément. Le château est quelque peu délaissé puis racheté par la famille Béssuéjouls de Roquelaure. Au fur et à mesure, le château devient une véritable demeure Renaissance, dotée d’un corps de logis.
Enfin, au xixe siècle, le château est acquis par une famille d’agriculteur, et entre dans sa troisième période d’utilisation. Certains éléments sont retirés et réutilisés, comme la tour nord-ouest changée en grange.

Le classement de l’édifice 

En 1946, une pierre du crénelage du donjon tombe au sol ; afin d’éviter un danger supplémentaire, le propriétaire décide de supprimer ce crénelage. C’est alors que le château de Tholet est classé au titre des Monuments historiques par les services de l’État grâce à une prise de conscience de la fragilité de ses murs et du risque de perdre cet édifice. Le donjon, le corps de logis et l’enceinte sont concernés.

En 1979, à cause de l’humidité et des conditions météorologiques, la voûte du donjon s’effondre, détruisant deux étages complets sur son passage (les 5e et 4e niveaux). Alertés, les services des Monuments historiques décident d’intervenir afin d’aider à la reconstruction de cet élément. Les propriétaires ont pu bénéficier de quelques subventions locales, une importante part du financement resta malgré tout à leur charge. Cet épisode marque le début de la restauration du château, avec les premières actions financières et artisanales.

La restauration

En 2007, le château est mis en vente ; ce n’est qu’à partir de 2013 qu’une famille accepte de le racheter. Cette date marque le début du véritable projet de restauration. Le propriétaire a commencé par réaliser un état des lieux afin d’identifier les éléments qui nécessitaient une restauration d’urgence. Un plan de restauration, décidé avec les architectes des Monuments de France, a été établi pour une durée minimale de vingt ans. Les premiers travaux ont consisté à mettre hors d’eau le corps de logis, là où les propriétaires habitent. En 2019, c’est le chemin de ronde de la face sud qui a été remis en état.

Ce mémoire ayant pour sujet une question plus ou moins familiale m’a permis de découvrir de nombreuses informations sur l’architecture médiévale et moderne, mais aussi de mieux comprendre le passé de ma famille.

J’ai aussi pu saisir l’intérêt d’étudier une demeure comme celle-ci, dans le sens où il s’agit d’un édifice classé mais appartenant à un propriétaire privé. Cette distinction donne lieu à des mode de fonctionnement et des prises de décisions différant d’une propriété publique, accordant certains avantages nécessaires. J’ai ainsi pu comprendre à travers ce travail l’histoire du lieu jusqu’à son utilisation actuelle.
J’ai eu la chance d’avoir de bonnes relations avec les propriétaires de Tholet, me permettant d’avoir de nombreuses informations ainsi que des réponses à certaines questions, notamment concernant la restauration actuelle. Ils ont d’ailleurs accepté de renouveler la confiance qu’ils m’ont donné car l’étude que j’ai pu réaliser sera complétée cette année par mes recherches sur la médiation de Tholet et son impact sur le public.

Cet article a été réalisé lors d’un séminaire de médiation et d’écriture journalistique dans le cadre du master histoire de l’art, patrimoine et musées de l’Université de Poitiers.

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