Périgord… « mon panache »

"Périgord, lumière sur une terre de contrastes" d’Anne-Marie Cocula et Jonathan Barbot, éditions Sud-Ouest, 2021.

Par Julie Duhaut

Deux truffes portent haut le nom du Périgord. La noire ravit les papilles depuis le xviiiᵉ siècle et l’autre, imposante, est celle de Cyrano qui, même s’il ne vient pas réellement de Bergerac, a sa statue érigée dans la ville. La région ne saurait pourtant se résumer à cela, comme le démontre Anne-Marie Cocula, historienne d’origine périgourdine, dans ses ouvrages savants (Étienne de La Boétie et le destin du Discours de la servitude volontaire, Classiques Garnier, 2018) et d’autres adressés à un plus large public, comme cette synthèse de l’histoire de la région, Périgord, lumière sur une terre de contrastes (Sud-Ouest, 2021). Les références sont nombreuses, tant dans la bibliographie qu’avec la collaboration ponctuelle de l’archéologue Dominique Genty à propos de la grotte de Villars et du géologue Jean-Paul Liégeois sur les bulides (des sources à bulles).

Avec Montaigne et la Boétie

Depuis les Gaulois qui lui donnent son nom, les Pétrucores, le Périgord a connu une histoire mouvementée : frontière médiévale entre Français et Anglais, témoin des conflits entre catholiques et protestants puis crises économiques sous Louis XIV. Des personnages littéraires sont directement issus des révoltes paysannes contre les Bourbons, tel Jacquou le Croquant, créé par Eugène Le Roy. De grands auteurs sont issus de la région, notamment Étienne de La Boétie et Michel de Montaigne. Ce dernier écrit d’ailleurs ses Essais dans sa Tour de la «librairie» (en réalité sa bibliothèque personnelle), seule partie restante d’origine du château de Montaigne, qui a brûlé et a été reconstruit au xixᵉ siècle. Le musée Vesunna à Périgueux fait le lien entre Antiquité et époque contemporaine. Réalisé par l’architecte Jean Nouvel en 2003, il met en valeur le site gallo-romain exceptionnel de Vésone. Les abbayes médiévales côtoient les châteaux de la Renaissance et les jardins inspirés des xviiiᵉ et xixᵉ siècles avec leurs topiaires, tels ceux de Marqueyssac ou d’Eyrignac. Nombre de villages du Périgord sont classés parmi les plus beaux de France grâce à ce patrimoine superbement illustré par le photographe Jonathan Barbot.

Bien que la Révolution française choisisse de nommer le département Dordogne, en février 1790, le Périgord reste aujourd’hui en mémoire : 

«Entre Dordogne et Périgord s’est établie une distinction qui facilite leur entente et leur coexistence : le premier a conservé, depuis la création du département, sa légitimité institutionnelle. […] Le second a profité de son ancienneté pour ne pas sombrer dans l’oubli et regagner, peu à peu, le terrain perdu en 1790.»

Les découvertes préhistoriques des xixᵉ et xxᵉ siècles, notamment la grotte de Lascaux en 1940 dans la vallée de la Vézère, renforcent l’identité de la région, aujourd’hui encore surnommée «Pays de l’Homme». Anne-Marie Cocula nous invite ainsi à la redécouverte du Périgord, de la préhistoire à nos jours.

Périgord, lumière sur une terre de contrastes d’Anne-Marie Cocula et Jonathan Barbot, éditions Sud-Ouest, 2021, 144 p., 29,90 €.

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