En visite au château d’Oiron

Auguste Gaborit, guide du château, dans la cour d’honneur.
La cabane du parc d’Oyron, illustration signée Ch. Boyer parue dans La Chasse illustrée.
Tirage sur papier chamois annoté au dos « Dans le parc d’Oiron – une chasse », vers les années 1960, 17,8 x 23,9 cm.
Tirage sur papier chamois d’une chasse « dans le parc d’Oiron, D.-S. », 14,2 x 11,8 cm.
Denise Stresser-Péan photographiée avec ses parents devant le château en juillet 1947, à la veille de l’effondrement d’une partie du pavillon de gauche. Photo 9 x 13,8 cm.
La couverture du corps central endommagée suite à l’effondrement du mur du pavillon adjacent, refait avant cette prise de vue, pris vers la fin des années 1940. On remarque qu’un trophée a disparu, emporté dans l’effondrement.

Une riche moisson

Jean-Marie Sinturet possède aussi une illustration et deux tirages sur papier chamois de clichés de chasse dans le grand parc, qui complètent l’article sur la vénerie d’Oiron, ainsi qu’une photo montrant Denise Stresser-Péan (et ses parents), qui vivait au château de Saint-Julien‑l’Ars, en visite à Oiron le 22 juillet 1947. Le 12 septembre allait s’effondrer une partie importante de la balustrade et de la corniche du pavillon des Trophées sur la couverture du corps central, refaite au début des années 1930. À cette date, l’architecte en chef écrivait déjà : « la situation est grave et la chute des éléments décoratifs est à craindre. La balustrade et la corniche, les trophées, tout est en très mauvais état et tient par un prodige d’équilibre. » Une autre photo inédite montre la corniche refaite du pavillon des Trophées, mais la reprise de couverture du corps central tarde encore. Comme la repose des balustrades, démontées en 1932 pour éviter les chutes de pierre. L’état du château est tel que lors de sa séance du 31 mars 1939, la commission des Monuments historiques émet un avis favorable à l’expropriation (comme par ailleurs à celle de la maison natale du maréchal Foch à Tarbes) :

L’administration des Beaux-Arts assume depuis 1927 presque la charge intégrale des dépenses entraînées par la remise en état des couvertures de ce château, une des plus belles demeures historiques de la France.

La Commission ayant estimé en 1933 que l’État ne pourrait indéfiniment se substituer au propriétaire pour la conservation et la restauration du château d’Oiron, des négociations furent engagées en vue de la cession amiable. Ces démarches n’ont pu aboutir. Les propriétaires refusent de vendre le château à l’État et ils déclarent, d’autre part, ne pouvoir participer à sa restauration. Cependant les travaux deviennent de plus en plus urgents : les motifs décoratifs, les trophées, les corniches, les balustrades s’effritent et tombent.

Devant l’impossibilité d’une entente amiable avec les propriétaires, M. Verdier croit indispensable de recourir à l’expropriation. Il rappelle que cette faculté a été précisément conférée par la loi à l’État pour des cas semblables à celui que pose la conservation du château d’Oiron.

Adoptant les conclusions du rapporteur, la Commission émet un avis favorable à l’expropriation publique du château avec la cour d’honneur qui le précède et les douves qui l’entourent ainsi que des terrains qui sont situés à ses abords immédiats et notamment de ceux qui joignent le château à l’église classée et à l’ancien cimetière. Un droit d’habitation dans une partie du monument pourrait être concédé à Mme la vicomtesse d’Oiron, sa vie durant, sous des modalités à arrêter d’accord avec la direction départementale des Domaines.

Auguste Gaborit dans son uniforme de guide des Monuments historiques posant dans l’allée centrale, avec à l’arrière-plan le portail percé dans un mur ultérieurement remplacé par une claire-voie.
Auguste et Reine Gaborit posant au milieu de leur jardin au château, devant le mur de clôture de l’avant-cour.

Suivez le guide

La vicomtesse s’éteint le 20 juillet 1946 dans l’appartement dont elle avait l’usufruit suite au décret du 15 mai 1941 portant acquisition du château. Déclarée d’utilité publique, celle-ci doit être faite par l’administration des Beaux-Arts, et l’expropriation « accomplie dans le délai de deux ans à compter de la date du présent décret. » De fait, le 18 mai 1943, Marie-Antoinette Laigre-Lessart, vicomtesse d’Oyron, accepte de céder son château à l’État. Un gardien, Auguste Gaborit, est installé dans le pavillon de droite de l’avant-cour, aménagé en loge dans les années 1960. Plusieurs photos le montrent à l’extérieur du château, dans son uniforme au sigle des Monuments Historiques, blanc l’été, noir l’hiver. Patricia Beaumont a pu recueillir les souvenirs de sa fille : avant-guerre, dans les années 1938–39, Reine Gaborit, née Valet, faisait les visites du château. La famille habite alors le pavillon de gauche de l’avant-cour. Madame Gaborit lavait le linge dans le parc à côté du puit. Après 1945, Auguste Gaborit rejoint sa femme (épousée en 1930) et devient guide jusqu’à sa mort le 15 août 1968 dans une allée du parc, suite à une crise cardiaque lors d’une visite. On le voit vers le milieu des années 1960 devant le pavillon de gauche, à proximité duquel étaient établis des clapiers à lapins, contre le mur de clôture de l’avant-cour bâti par le maréchal de La Feuillade au temps de Louis XIV.

Auguste Gaborit (1908–1968) en uniforme d’été devant les clapiers à gauche de l’entrée, du côté des anciens communs, au milieu des années 1960.

Il cirait aussi les parquets de l’appartement du Roi et assurait l’entretien des extérieurs, en particulier des pelouses. Les archives des Monuments historiques conservent une lettre adressée le 11 mars 1957 par Auguste Gaborit au conservateur régional, l’informant que le garde du parc a apporté le massacre du cerf de la chasse à courre de novembre dernier qui lui était destiné. L’architecte des bâtiments de France lui a apporté des balais et de la cire à parquet, mais pas de chlorate de soude : « je ne vois pas comment je vais faire pour entretenir les cours et les allées. » Épineuse question qui fait l’objet le 5 avril d’un courrier de l’architecte au conservateur régional : « L’achat de chlorate de soude pour désherber les allées ne peut pas être pris sur les crédits [de] matériel, attendu que l’administration centrale ne veut pas que l’entretien des jardins […] soit pris sur des crédits de matériel. Les dépenses doivent être imputées sur des crédits de strict entretien, chapitre 3581. Du reste, les crédits de matériel pour le château d’Oiron ne suffiraient pas à couvrir les dépenses de chlorate. Vous m’avez accordé 35 500 francs et je dépense environ 45 000 francs chaque année de chlorate pour le château d’Oiron. Je tâcherai de faire le nécessaire dès que possible car c’est le moment de faire usage de ce produit. »

L’aile Renaissance photographiée par François Eygun lors d’une visite. Plaque de verre conservée à la documentation du service de l’Inventaire, région Nouvelle-Aquitaine.
Visiteurs sous le portique de l’aile Renaissance. Plaque de verre de François Eygun. Service de l’Inventaire, région Nouvelle-Aquitaine.
Partie supérieure du noyau creux du grand escalier. Plaque de verre de François Eygun (1957). Inventaire de Nouvelle-Aquitaine.
Trophées d’armes couronnant la chapelle Renaissance (1957). Plaque de verre de François Eygun. Inventaire de Nouvelle-Aquitaine.

Cet article fait partie du dossier Château d’Oiron.

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