Alloue – le théâtre est une fête

Johanna Silberstein et Matthieu Roy, Maison Maria Casarès.

Par Astrid Deroost
Photo Alberto Bocos

À Alloue en Charente, la Maison Maria Casarès joue son 5e Festival d’été. Rappelons que Maria Casarès avait légué son domaine à la commune d’Alloue. Son vœu d’y voir naître un lieu dévolu au théâtre a d’abord été exaucé avec la Maison du comédien dont le nouveau projet est porté depuis 2016 par Matthieu Roy et Johanna Silberstein.

Du 26 juillet au 19 août, le domaine de La Vergne, ancienne propriété de la célèbre comédienne, s’anime au rythme de trois spectacles quotidiens… ponctués de temps comestibles cuisinés in situ.

Depuis sa création en 2017, l’événement réussit le pari de partager un théâtre exigeant avec tous les publics. Et de créer une atmosphère festive, inspirée par la splendeur paisible de l’endroit. «Les gens ont besoin de ralentir. On avait senti ce besoin même avant la crise sanitaire. La maison crée cela et le Festival d’été est en symbiose avec ce que le lieu nous raconte», confie Johanna Silberstein.

Cette année au goûter-spectacle, Allez, Ollie… à l’eau (Mike Kenny) conte l’étonnante complicité qui se noue entre un jeune garçon et son arrière-grand-mère. Sur un ton plus caustique, l’apéro-spectacle Crash, œuvre de Sophie Lewisch, explore l’affaire de Tarnac.

Le dîner-spectacle, Martyr, du dramaturge allemand Marius von Mayenburg, mise en scène par Matthieu Roy, raconte lʼhistoire de Benjamin, adolescent dont la crise mystique va bouleverser l’entourage. Le repas, L’Italie en Charente, est préparé par Romain Portelli et servi sous les tilleuls.

Aux représentations s’ajoutent les parcours sonores et les visites de la demeure de Maria Casarès. Rencontres mémorielles avec celle qui fut membre du Théâtre national populaire, auprès de Jean Vilar, et l’aimée de l’écrivain Albert Camus.

Hors le Festival d’été, moment fort de la complicité avec les spectateurs, le site labellisé Centre culturel de rencontre accompagne la jeune création. S’emplit de résidences d’auteurs et metteurs en scène, de répétitions, d’ateliers, de lectures, de présentations (dont une publique) en partenariat avec l’Office artistique de la région Nouvelle-Aquitaine. Les associations locales, les scolaires, les producteurs locaux, les habitants ont également toute leur place dans le projet polyculturel à l’œuvre depuis quatre ans.

«On est une maison pas un théâtre et une maison accueille des gens. On travaille sur la manière de faire cohabiter toutes les énergies, toutes les envies, glisse Johanna Silberstein, attachée à une certaine vision de la culture publique… et du spectacle vivant. On aimerait qu’Alloue soit une source d’inspiration pour les jeunes générations.»

En 2022, le site célèbrera le centenaire de la naissance de sa résidente privilégiée. Le domaine aura bénéficié d’importants travaux de rénovation et ouvrira des chambres d’hôtes. En attendant, les visiteurs-spectateurs – passés de 1 000 en 2017 à 4 200 l’an passé – s’apprêtent à vivre ensemble l’expérience rare d’aller au théâtre comme on célèbre d’amicales retrouvailles.

Réservations 05 45 31 81 22, resa@mmcasares.fr
http://mmcasares.fr
Lire dans L’Actualité Nouvelle-Aquitaine de l’été (n° 132) l’article d’Astrid Deroost sur Crash, de Sophie Lewisch.

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