Antoine d’Abbadie (1810 – 1897) – Savant, explorateur, écrivain
Antoine d’Abbadie d’Arrast, homme du xixe siècle, intéresse toujours les savants par ses avancées scientifiques. Esprit curieux, il était géographe, astronome, et même mécène. La fête de la science, célébrée du 1 au 11 octobre, est l’occasion idéale pour s’en rappeler.
Le 8 octobre, l’Académie des Sciences organise un colloque avec l’Alumni Onera, association des docteurs de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales et la 3AF, l’Association aéronautique et astronautique de France. Cette journée retrace la vie et les œuvres du savant.
Bruno Chanetz, professeur en aérodynamique à Paris-Nanterre, président de l’Alumni Onera et du haut conseil scientifique de la 3AF, ouvre le colloque qui se tient à l’auditorium Antoine d’Abbadie, à Hendaye :
«Nous voulions faire des colloques historico-scientifiques afin de rendre hommage à des savants des siècles passés, puis par la suite discuter de ce qu’il se fait maintenant. Par l’histoire, on veut donner envie au grand public de s’intéresser à la science.»
Aux côtés de son épouse Virginie Vincent de Saint-Bonnet, Antoine d’Abbadie a fait construire un domaine sur les hauteurs d’Hendaye, avec l’aide du célèbre architecte Eugène Viollet-le-Duc. Faisant désormais partie de l’identité basque, le château-observatoire porte le label Maison des Illustres, signalant l’importance culturelle du lieu. Celui-ci fut légué par Antoine d’Abbadie à l’Académie des Sciences, qu’il présida en 1892. Il s’agit de l’unique observatoire au monde à utiliser le grade comme mesure d’angle : «Pendant la Révolution, explique Bruno Chanetz, les révolutionnaires ont souhaité imposer le système métrique et renoncer à toutes les mesures anciennes. Parmi les nouvelles unités de mesures proposées, on retrouve celle du grade, utilisé en géographie. Antoine d’Abbadie n’était pas un révolutionnaire, mais était entiché du grade et voulait que celui-ci soit davantage employé.»
Abbadia, arborant un style néogothique, est un véritable témoignage des voyages, notamment en Abyssinie, actuelle Ethiopie, qui ont imprégné le goût du géographe. L’entrée accueille les visiteurs avec des inscriptions en guèze, langue que l’explorateur maîtrisait (comme treize autres dont le basque). Les représentations d’instants de la vie éthiopienne couvrent les murs du vestibule. Dans la chambre d’honneur, la calligraphie arabe décore les murs de la pièce. La chapelle est décorée en s’inspirant de l’art sicilien et oriental. Les anciens propriétaires reposent dans ces lieux.
Parmi les interventions signalons celle du physicien Jean-Paul Poirier, qui a consacré deux livres à Antoine d’Abbadie. Viviane Delpech, enseignante-chercheuse en histoire de l’art du patrimoine à l’université de Pau, est également présente. Spécialiste de l’architecture, elle a publié Abbadia. Le monument idéal d’Antoine d’Abbadie (PUR, 2015.)
L’après-midi, présidé par Philippe Castera, ingénieur de recherche chez Dassault-Systèmes, est consacré aux questions propres à l’astronomie, la météorologie et la métrologie. Si ces sujets peuvent impressionner quelques-uns, prenez exemple sur cet idiome : it’s not rocket science !
Manuel Rodrigues, ingénieur en physique spatiale appliqué à l’Onera, vient discuter du chemin parcouru entre la découverte de la loi universelle de la gravitation par Isaac Newton au xviie siècle et le projet ᴍɪᴄʀᴏsᴄᴏᴘᴇ, qu’il dirige. Souvenez-vous : Einstein disait que, dans le vide, une brique et une plume tombent à la même vitesse. C’est le principe d’équivalence. En 2016, l’Onera a lancé un satellite en orbite afin de tester cette théorie jusqu’en 2018 : avait-il vu juste ? Bruno Chanetz nous éclaire : “Cette mission est au cœur de la recherche fondamentale. Les résultats, toujours en dépouillement, confortent pour l’instant la théorie d’Einstein.”
Les prouesses en aérospatiale peuvent également s’appliquer dans le monde médical. C’est ce que démontre Thierry Fasco, directeur de recherche à l’Onera, durant son exposé.
«Une équipe de l’association travaille au Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, souligne son confrère. Pierre Léna a contribué à corriger les turbulences atmosphériques des images de télescopes, c’est-à-dire supprimer le flou.»
Ce travail effectué sur les grands télescopes est alors appliqué sur les instruments d’observation de l’œil pour les chirurgies oculaires.
Pour retrouver le programme du colloque, veuillez suivre ce lien.
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