L’interdisciplinarité vue par Anne Julien-Vergonjanne

Projet H2020, "Aircraft light communications", cockpit modélisé par le laboratoire Xlim pour la technologie Li-Fi.

Anne Julien-Vergonjanne est professeure de classe exceptionnelle à l’université de Limoges à l’École d’ingénieurs Ensil-Ensci avec la spécialité électronique et télécommunications – ELT. Elle est également chercheuse au laboratoire Xlim où elle dirige l’axe Systèmes et réseaux intelligents (SRI,Sycomore) et encadre plusieurs thèses sur le sujet de la transmission optique sans fil (Li-Fi). Elle est aussi directrice de l’École doctorale Sciences et ingénierie des systèmes, mathématiques, informatique (Sismi).

«Ce qui a été un déclencheur chez moi, c’est le premier pas sur la Lune, j’étais petite et j’ai été réveillée en pleine nuit pour voir ça. Je crois que ça a été un bouleversement.» 

C’est en ces mots qu’Anne Julien-Vergonjanne raconte la naissance de son envie de faire des sciences. Passionnée par la musique, elle s’intéresse aux ondes dès son plus jeune âge. Cette passion l’a conduite à faire des études en électronique, électrotechnique et automatique (EEA) qu’elle réalise dans l’ensemble à Limoges.
Elle soutient une thèse dans le domaine de l’électromagnétisme, toujours au sein de l’université de Limoges, sous la direction du professeur Pierre Guillon. Durant son doctorat, elle occupe un poste d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) au sein de l’université de Poitiers. À l’issue de ce dernier, elle obtient un poste de maître de conférence (MCF) dans cette université où elle continue de travailler sur l’électromagnétisme.
Quelques années plus tard, souhaitant se rapprocher de son conjoint, elle demande une mutation à l’université de Limoges. «Ça a été long pour le rejoindre, la mutation n’était pas possible. J’ai alors décidé de changer de domaine de recherche et j’ai quitté le monde de l’électromagnétisme pour le traitement du signal.» Ainsi, elle peut rejoindre l’université de Limoges où elle passe son habilitation à diriger des recherches (HDR) et où elle travaille encore.


Cette capacité à s’adapter aux contraintes est un marqueur de sa carrière. En effet, Anne Julien-Vergonjanne participe à de nombreux projets interdisciplinaires, avec les sciences et techniques, le domaine de la recherche en sport ou encore la santé. Elle participe à la chaire «e‑santé, bien vieillir et autonomie», dont l’objectif est d’utiliser l’e-santé pour promouvoir le bien-vieillir et l’autonomie des personnes âgées en utilisant des technologies innovantes.
La chaire multidisciplinaire dirigée par le gériatre Achille Tchalla réunit cinq laboratoires dans les domaines de la médecine, du droit, de l’économie, de la technologie, de la sociologie et de la sémiotique.
Anne Julien-Vergonjanne y développe des systèmes de communication pour suivre l’activité des personnes âgées fragiles afin de les inciter à pratiquer une activité physique.
Cette interdisciplinarité n’est cependant pas toujours facile dans le monde de la recherche académique. La chercheuse témoigne de deux problèmes qu’elle rencontre régulièrement.

«L’important, c’est d’être à l’écoute.»

Il peut être difficile de dialoguer entre personnes de domaines très différents et n’ayant pas le même parcours : il n’est pas rare d’avoir des notions totalement inconnues pour l’un ou de rencontrer un terme ayant deux définitions très différentes selon la communauté. Cependant, ce problème se résout facilement en étant à l’écoute de l’autre, en faisant des efforts de communication entre les différents membres, «il faut beaucoup discuter». «La deuxième difficulté, c’est la manière dont la recherche est évaluée.» Lors des recherches interdisciplinaires, il est courant qu’il n’y ait pas d’apport clair dans tous les domaines concernés par le projet. Comme la recherche scientifique implique de publier ses travaux lors de conférences et dans des revues pour la plupart spécialisées dans un domaine précis, il devient alors compliqué de soumettre ses contributions pour certains des acteurs. Cette difficulté à publier peut alors être un frein pour recruter des chercheurs ou des étudiants sur ces projets. Il est donc essentiel de bien identifier les différents apports possibles pour chaque domaine. Les projets interdisciplinaires deviennent de plus en plus courants dans le monde universitaire comme la chercheuse l’indique.

Selon elle, l’un des aspects importants pour la recherche scientifique est la motivation, l’envie d’approfondir les connaissances sur un sujet. Il est nécessaire de se poser des questions, d’analyser les travaux antérieurs sur ce sujet et de réfléchir à la manière dont on peut l’améliorer en imaginant de nouveaux outils. Pour Anne Julien-Vergonjanne , faire une thèse est une occasion unique pour apprendre la recherche. Transmettre ses connaissances à ses étudiants, qu’ils continuent à travailler dans son domaine de recherche et apprendre d’eux sont ses principales motivations.
Tous les postes qu’elle occupe demandent une grande quantité d’heures de travail et elle fait son possible pour équilibrer le temps consacré à ses différentes responsabilités. «Cependant, il ne faut pas rêver, on travaille même les week-ends.»

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