Le « mode avion » dans l’avion (2/2)
Par Idris Tiliouine, Anass Jakani, Mohamed Ali Adjif.
Le trafic aérien connaît une évolution importante depuis trois décennies. Le monde est ainsi devenu un village planétaire, mais ce trafic va connaitre prochainement une saturation due à l’augmentation continue du nombre de voyageurs. En fait, conduire une voiture dans une grande ville comme Paris où le trafic est cadencé peut parfois boucher la circulation, ce qui n’est pas très agréable pour les conducteurs. Imaginons la complexité de piloter un avion, à des milliers de mètres en altitude, dans un trafic hyper cadencé et surtout d’être responsable de la sécurité des voyageurs dans de pareilles conditions. Piloter l’avion nécessite une connaissance précise du trajet à parcourir ainsi que la localisation des différents avions. Celle-ci est assurée à travers une communication permanente établie entre le pilote et les tours de contrôles.
Les casques sans fil, un confort pour le pilote ?
La transmission des signaux auditifs de la tour de contrôles jusqu’à l’avion est assurée actuellement par des antennes. Les signaux auditifs sont bien convertis en voix grâce à un casque filaire. Évidemment, l’utilisation d’un casque filaire est gênante et risquée. La probabilité de retirer le fil ou de l’endommager, par erreur, est importante. Ceci peut conduire à des risques importants dans un contexte de trafic cadencé. Des nouveaux sujets de recherches technologiques sont entrepris afin de pouvoir inventer des casques sans fil capables d’éviter ces problèmes, réduire les risques et garantir un minimum de confort aux pilotes. Certains d’entre vous se demandent si on peut utiliser des casques sans fils commerciaux. En fait, l’utilisation de ces derniers comprend des risques concernant la sécurité car ils peuvent détourner le bon fonctionnement des composants électroniques de l’avion. C’est pour cela, qu’il est nécessaire d’activer le « mode avion » dans nos appareils électronique durant tout le trajet.
Quelles sont donc les risques des casques commerciaux et des appareils électroniques externes sur le fonctionnement de l’avion ?
Sécurité du système électronique aérien
Un avion est composé de plusieurs circuits électroniques dont chacun applique une force électromagnétique invisible, ce qui donne naissance à des interférences entre composants, perturbant ainsi le système général de direction du pilote et dégradant ses performances. Des recherches scientifiques ont réussi à trouver un environnement assurant la compatibilité électromagnétique entre les différents circuits électroniques. Autrement dit, chaque circuit est blindé et l’ensemble constitue un système homogène. Durant nos voyages, les hôtesses de l’air répètent : «Merci de bien vouloir éteindre votre téléphone portable jusqu’à l’atterrissage et l’immobilisation complète de l’appareil.» Quelle est donc l’influence d’un circuit électronique externe (téléphone portable, les casques sans fils…) sur le système électronique avionique ?
Dans ce cas, les appareils externes tentent de se connecter aux réseaux, ce qui génèrent des ondes, ce qui applique des perturbations aux systèmes de navigation et de communication. De 2003 à 2009, 74 incidents dus à des interférences causées par des appareils externes ont été enregistrés. Ceci a conduit à une dégradation de transmission de données entre certains instruments de navigation et à la désactivation du pilotage automatique de l’avion.
En cherchant à remplacer les casques filaires par des casques sans fil, les scientifiques ont commencé à chercher d’autres moyens de communication sans fil entre les composants externes et le système avionique.
Communication optique sans fil
Simultanément avec la communication sans fil radio fréquence RF, une nouvelle technologie plus sécurisée, qui se base sur la communication optique sans fil, se développe de jour en jour. C’est le fruit des efforts des chercheurs, des financements importants et c’est surtout une volonté politique qui vise le développement de ce domaine prometteur dans plusieurs secteurs.
Le 15 septembre 2011, Le Parisien publie un article portant sur une intervention importante de la part de la gendarmerie de Chantilly après un terrible accident qui a causé la mort de deux jeunes. Le commandant de la brigade teste un radar infrarouge. Ce dernier fait bien partie de la nouvelle génération des radars qui traquent les chauffeurs qui dépassent la vitesse autorisée. C’est discret, aucune lumière n’est visible. Ce dispositif optique peut pénaliser ceux qui ne respectent pas la loi mais surtout il est nécessaire pour sécuriser la vie de milliers de gens.
Loin du secteur routier, l’optique est intervenu aussi dans le domaine aérien particulièrement dans la transmission auditive. Steve Joussemi Demeffo, doctorant à l’université de Limoges au sein du laboratoire XLIM, a présenté dans le cadre du concours «Ma thèse en 180 secondes» les objectifs de ses recherches sur «la transmission audio et le monitoring des données physiologiques d’un pilote». Ce jeune chercheur développe un casque sans fil basé sur la technologie infrarouge dont le but est de remplacer celles reliées par câble utilisé à ce jour, garantir le confort du pilote et surtout éviter la faute humaine. Ce système garantit la sécurité de l’information sachant que la lumière est bloquée par n’importe quel corps opaque. Dans ce cas, on est sûr que les informations ne peuvent pas être captées par les individus positionnés en dehors de la cabine. Steve Joussemi Demeffo ajoute : «Avec cette techno, on est sûr que cette lumière invisible est confinée dans la cabine, ne perturbe pas les autres dispositifs électroniques et loin d’être piraté par un terroriste».
Vidéo de la finale régionale Comue Léonard de Vince, Ma thèse en 180 secondes. Steve Joumessi Demeffo (laboratoire Xlim, Université de Limoges).
Cet article a été réalisé dans le cadre d’une formation à l’écriture journalistique avec l’École doctorale Sciences et ingénierie des systèmes, mathématiques, informatiques (Sismi) des universités de Poitiers et Limoges.
Auteurs
Idris Tiliouine est doctorant au sein du laboratoire XLIM, université de Limoges, axe Photonique Fibre et Sources Cohérentes.
Anass Jakani est doctorant au sein du laboratoire XLIM, université de Brive-la-Gaillarde, axe SRF.
Mohamed Ali Adjif est au sein du laboratoire XLIM, université de Limoges, axe SRI. Sujet de thèse : Accès massif dans les réseaux de capteurs.
Laisser un commentaire